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Le lutin qui était toujours enrhumé

Il était une fois Granulfo, un lutin de bibliothèque frileux et casanier, qui avait la particulière habitude d’être constamment enrhumé.

Son nez rouge coulait tout le temps. C’est pourquoi il conservait toujours un large mouchoir sur lui.

Pourtant, il ne sortait que rarement, car il préférait rester jour et nuit à lire les livres de sa bibliothèque.

Un soir, alors qu’il rangeait des ouvrages en haut d’une étagère, un vilain gobelin pénétra chez lui et déroba le grand livre d’or, le grimoire où étaient consignés tous les documents de la bibliothèque.

Granulfo eut tout juste le temps de voir le voleur s’enfuir. Sans réfléchir, il saisit sa lanterne et se mit à le poursuivre.

Il savait que les gobelins travaillaient pour les dragons. Qu’une telle créature compulse la liste de ses livres et en apprenne trop serait très dangereux !

Qui plus est, il tenait à son grimoire.

Le gobelin mena Granulfo jusqu’à une sinistre grotte.

À courir ainsi dans la nuit, le lutin avait pris un peu plus froid. Il ne cessait de se moucher à présent.

Malgré son rhume et la peur, il suivit le voleur dans la grotte.

Dans la première caverne, un mur de feu magique se dressa devant lui, après le passage du gobelin.

Granulfo prit son mouchoir détrempé et le tordit au-dessus des flammes et se fraya ainsi une allée.

Dans la seconde caverne, il vit le gobelin guetter derrière un rocher. Il craignit d’être attaqué.

Il sortit de nouveau son mouchoir et comme il reniflait encore, il se moucha de toutes ses forces.

Le bruit retentit et résonna dans la caverne jusqu’à devenir terrifiant. Apeuré, le gobelin quitta sa cachette.

Dans la troisième caverne, Granulfo tomba nez à nez avec le dragon. Là, il ne sut plus quoi faire. Transi de froid, il était à la merci de la terrible créature.

Même s’il sentait un élan, une force monter en lui, le dragon s’apprêtait à le rôtir d’un seul jet de flammes. Pauvre Granulfo ne pourrait rien faire.

Pourtant un élan, une force, une secousse, quelque chose montait, montait, remontait à ses narines.

Soudain, le dragon cracha le feu, mais Granulfo éternua au même moment. Un éternuement si violent, si soufflant qu’il éteignit net la flamme du dragon.

L’animal en resta coi. Granulfo, lui, se saisit de son livre, prit ses jambes à son cou et rentra chez lui pour se mettre au chaud.

Aussi vexé que malade à son tour, il faudrait beaucoup de temps avant que le dragon ne rallume sa flamme.

Morale de l’histoire, même frileux, on peut manier le feu.